Fayçal Baghriche

Musallat

Pour cette série amorcée lors d’un séjour à Montréal, j’ai visité des lieux de culte musulmans (musallats) en tâchant de rendre compte de la charge spirituelle qui se dégage de ces lieux vides. Humbles et sans apparats, éloignés des hauts lieux de l’Islam revêtus de dorures et de somptueux ornements, ces espaces rendent compte d’une pratique cultuelle quasi confidentielle transplantée dans une architecture occidentale.
Pour la prise de vue, j’ai dirigé mon appareil vers le Mihrab, une niche où se place l’Imam pour mener la prière en direction de la Kibla.
Kibla ou Kabla selon la transcription en arabe signifie orientation. Au sens littéral « en direction de l’Orient ». Sur la péninsule arabique, la prière d’abord tournée vers Jérusalem, à l’Ouest fût modifiée par le Prophète Mahomet. La Mecque fût instituée comme nouvelle direction sacrée. Tous les musulmans du monde prient en direction de ce point.Le spectateur qui regarde la photographie adopte la même direction que les fidèles. La connivence implicite entre le photographe et le sujet ne s’établit pas ici selon le face à face conventionnel, mais plutôt selon une même orientation sympathique, un vecteur dirigé vers le même point : l’origine de la lumière. Cette analogie entre La Camera Obscura sensible à la lumière et le sujet en prière orienté vers le divin induit une approche métaphysique de la photographie.

Nous assistons depuis une dizaine d’années à une nouvelle forme de tropisme oriental qui s’opère aussi bien dans les domaines de la géopolitique, de l’économie et celui de l’art. La série s’inscrit dans cette perspective mondiale.

du monde à se concentrer sur ce point focal.